Dominique Villars
Quand on parle de Dominique Villars, immédiatement on se souvient qu’il était grand botaniste et médecin, mais on oublie souvent sa philosophie, sa valeur humaine, ses idées généreuses dans de nombreux domaines …
En cette année du bicentenaire de sa disparition, jetons encore un coup d’oeil dans des domaines où parfois il fut un précurseur. Pour lui, le médecin est au service de ses semblables, c’est le plus beau des métiers. Le chirurgien doit être ferme et courageux, inébranlable dans les périls. Il revient au médecin d’éclairer le législateur sur les besoins des populations. C’est l’un des premiers à préconiser l’hygiène. Mais ses récriminations face aux réalités médicales sont nombreuses, de même ses critiques amères sur les conditions de vie des populations. On peut le représenter comme un animateur culturel au service de sa ville.
C’est un écologiste avant l’heure. Au XVIIIe siècle, il est l’un des premiers à s’intéresser à la nature, non seulement pour l’admirer, mais aussi pour mieux la comprendre sans trop la piller. La nature me donna un coeur excessivement sensible et humain dit-il … L’amour de la nature échauffe mon coeur … Je me sens revivre en m’élevant au-dessus de la ville. IL s’est occupé du jardin des plantes à Grenoble et Strasbourg. Il pensait que toute la ville devait en posséder un. Les artistes, ingénieurs, dessinateurs, ébénistes, les médecins et surtout les cultivateurs ont besoin de connaître les plantes. Le jardin doit être un lieu ouvert et convivial, propice à la discussion. L’air des villes doit être purifié au moyen des jardins et des plantes.
Il s’est intéressé à différentes sciences. Signalons en particulier le microscope où il est parmi les premiers à avoir compris son importance et a travaillé à son perfectionnement. Nous savons qu’il a participé à une vingtaine de sociétés savantes françaises et étrangères. Il a laissé de nombreux discours et mémoires qui sont aujourd’hui oubliés car très vite dépassés par les progrès fulgurants qui ont suivi.
Il a également été professeur d’abord à l’école centrale de Grenoble puis à l’école de médecine et faculté de médecine de Strasbourg.
Comme enseignant, il encourage le travail en équipes, insiste sur l’expérimentation et la bonne entente qui doit exister entre enseignants et enseignés. Il est l’un des premiers à demander l’école primaire pour tous les enfants et qu’il y en ait au moins une dans chaque commune. Il marque sa pitié pour les pauvres et les misérables ; médecin, il soigne gratuitement ceux qui ne peuvent pas payer et parfois leur vient en aide. J’ai rencontré de pauvres paysans, dit-il, n’ayant pas les moyens de subsister, ils mangeaient un pain très grossier et avec parcimonie. Pour lui, les exclus les marginaux sont également un germe de danger, cette classe si elle est abandonnée, peut faire périr le corps politique. Il devrait y avoir un bureau de charité dans chaque commune.
C’est un révolutionnaire modéré. En 1789-90-91, il se félicite des idées généreuses qui s’installent dans le pays, mais par la suite, il s’insurge vivement contre les excès de cette révolution. Ceux qui travaillent au progrès de la raison sont les élus de Dieu. La religion ne devient meurtrière que lorsque les tyrans la font servir pour enchainer les hommes et les rendre esclaves. Il prône la religion fondée sur le respect, l’égalité, la liberté des cultes.
Nous voyons ainsi que beaucoup d’idées de Dominique Villars étaient en avance pour son époque et certaines sont toujours valables aujourd’hui.
André Blanc